Page:Arnould - Quelques poètes, 1907.djvu/29

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
11
LA MÉTHODE DE CRITIQUE LITTÉRAIRE

I

TOUTE VIE HUMAINE EST-ELLE INTÉRESSANTE PAR ELLE-MÊME ?

Voilà certes une question à laquelle notre époque ne sera point embarrassée de faire réponse. L’histoire n’en est plus, grâce à Dieu, à ne se composer que des hauts faits des rois et des conquérants, et, à la suite des Augustin Thierry et des Michelet, nous aimons les détails pittoresques et caractéristiques sur les humbles, cette poussière souvent anonyme, mais agissante, de la politique et des batailles. De même, les rois de la pensée et les conquérants d’idées, les grands écrivains, en un mot, ne sont plus seuls à occuper la scène de la critique : les auteurs minores, voire les minimi viennent tour à tour réclamer aussi leur part des regards du public. Parallèlement, dans le domaine intellectuel et dans la société se fait l’ascension des prolétaires. Le romantisme y aida. Non seulement l’école nouvelle avait des origines dites alors « libérales », c’est-à-dire se rattachant aux traditions de la Révolution, mais elle se complut, par passion de l’antithèse, à produire en pleine lumière, en face des grands personnages, tels que François 1er, Charles-Quint ou le capitaine Phébus, les parias de la société, les