« Mémoires », qui ne sont autre chose que de l’histoire « vécue », et voici qu’il encourage depuis peu ce que je me permettrai d’appeler « l’histoire romancée ». Il favorise visiblement aujourd’hui les historiens qui mettent dans leur histoire encore plus de vie que leurs prédécesseurs, en y introduisant des personnages fictifs, mais vraisemblables, qui incarnent toute une classe sociale ou un état d’esprit collectif. Voilà comment, sous quelques plumes éminentes[1], « l’histoire romancée » paraît presque sur le point de se confondre avec le roman historique, si aimé encore de notre génération, qui a fait récemment, à l’une de ses œuvres venue du Nord, un extraordinaire succès.
De tout temps l’on a donc aimé à connaître d’une façon vivante la vie des hommes, de tous les hommes, et, depuis un siècle, plus qu’on ne l’avait jamais fait, et notre génération, à cet égard, semble renchérir encore sur ses aînées, en s’appropriant le fameux mot de Térence, légèrement modifié : « Je suis homme et je considère que nulle vie d’homme ne m’est étrangère. »
Une semblable curiosité procède peut-être encore d’un inconscient retour sur soi-même et sur la dignité humaine, et celui qui prend intérêt à une biographie quelconque se dit peut-être, à son insu, que toute vie d’homme a le droit d’être connue. Chaque être humain ayant figuré sur la
- ↑ (1) Les Lenôtre, Funck-Brentano, frères Margueritte, M.-R. Monlaur, etc.