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LA MÉTHODE DE CRITIQUE LITTÉRAIRE

problème était plus fouillé dans la seconde moitié du dix-neuvième siècle. Ainsi, l’année qui précéda sa mort, en 1868, il s’analysait lui-même et attribuait son goût pour la littérature à son père, déclarant nettement que « le point où celui-ci était arrivé, s’était trouvé comme fixé à l’origine dans son organisation » à lui, et que « ç’avait été son point de départ[1] ». Toujours il avait perçu clairement qu’une œuvre littéraire a sa principale source, et partant sa clef, dans le tempérament de son auteur, et que le tempérament apparaît surtout par la biographie, d’où sa méthode biographique.


L’influence de Sainte-Beuve s’est évidemment marquée, de divers côtés, sur la manière d’écrire l’histoire des hommes en général, des écrivains et même des saints, dans la biographie et l’hagiographie, où les parties humaines des héros sont mises en lumière d’une façon beaucoup plus exacte et vivante qu’auparavant[2]. Mais l’on peut s’étonner que l’action proprement littéraire du critique n’ait pas été plus profonde, surtout dans les sphères officielles. Le phénomène tient sans doute à ce que la plupart des illustres critiques littéraires de la fin du XIXe siècle se trouvèrent être, de par leur nature propre, avant tout intel-

  1. Table des Lundis, par Ch. Pierrot, 1885, p. 39.
  2. Entre autres dans l’intéressante collection « les Saints », à la librairie Lecoffre. Cf. aussi les belles biographies de M. l’abbé Baunard.