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Page:Arnould - Quelques poètes, 1907.djvu/93

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MALHERBE

et faire une tentative anticipée de « réalisme », car s’il rencontre un mot vulgaire chez Desportes, il ne manque pas de le relever par la note : « plébée ». Mais il commence délibérément ce que va poursuivre son continuateur dans la fixation de la langue, à savoir Vaugelas.

Vaugelas n’est nullement le pédant que l’on se figure à tort, sans doute parce qu’on le fait responsable du renvoi des servantes qui parlent mal, tellement l’influence de Molière reste grande sur les idées françaises. Lorsqu’il pénétrait en réalité dans les hôtels de femmes savantes, il ne louait pas sans doute les solécismes des Martines, mais haïssait encore plus les prétentions des Philamintes et des Bélises . Dans ses Remarques sur la langue française, de 1647, il se règle, dans le choix des mots et des tours, sur le principe du « bon usage », c’est-à-dire du bon usage parlé, que l’on trouvait à la Cour de la fin de Louis XIII et de la régence d’Anne d’Autriche.

Quarante ans plus tôt, Malherbe ne pouvait pas renvoyer au langage de la Cour, qu’il n’approuvait point : il se croyait même la mission de la « dégasconner ». On observera qu’il ne cite pas plus l’hôtel de Rambouillet, dont il est un des premiers et des plus célèbres familiers : il invoque le milieu où il lui apparaît que les vraies traditions du français de l’Ile-de-France se perpétuent sûrement, le peuple de Paris.

Il n’admettait pas pour cela dans la poésie les à peu près, les longueurs (rares d’ailleurs à Paris