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Page:Arnould - Quelques poètes, 1907.djvu/95

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MALHERBE

l’esprit français « l’esprit pratique par excellenc e», la littérature française « l’image idéalisée de la vie humaine ; ou plutôt la réalité, dont on a retranché les traits grossiers et superflus », et M. Brunetière, dans son étude sur Vaugelas, donne ce raccourci nerveux du fondement des Remarques : « Parler la langue de tout le monde, mais la parler comme personne[1]. »

Cette grande réforme de la langue et de la pensée françaises se fît dans une petite chambre d’auberge. Durant la plus grande partie de son séjour à Paris, le poète habita modestement un hôtel garni de la rue des Petits-Champs, à l’image Notre-Dame, sculptée dans le mur au-dessus de la porte basse : à côté logeait un maréchal-ferrant, dont le « travail » garnissait la façade ; devant se dressait un calvaire, d’où est venu le nom actuel de rue Croix-des-Petits-Champs, ainsi que l’enseigne du marchand de vins qui occupe actuellement l’angle de cette rue et de la rue du Bouloi : À la † blanche. La maison de Malherbe était au No 13 actuel, et une plaque, posée par les soins du Conseil municipal de Paris, sur l’initiative du savant historien, M. Jules Lair, y a commémoré ce grand souvenir. Le poète, qui avait laissé sa famille à Aix, occupait là une chambre garnie, vraie chambre d’étudiant, dont le mobilier se composait d’un lit, un buffet, une table, sept ou

  1. Revue des Deux Mondes, 1er décembre 1901.