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l’azote atmosphérique

de ceux de la consommation des nitrates du Chili. Ceux-ci donnèrent à l’agriculture, en 1880, 50 000 tonnes, en 1890, 120 000 tonnes, en 1900, 210 000 tonnes et en 1905, 260 000 tonnes. Il faut ajouter à ces nitrates naturels les produits azotés que livrent les usines à gaz sous forme de sels ammoniacaux. On peut les estimer au quart environ de la quantité des nitrates. À ce total il faudrait encore ajouter la production en sels ammoniacaux des États-Unis, mais ce que nous avons dit suffit pour se rendre compte que l’azote artificiel, répandu sur la terre pour favoriser la végétation, ne s’élève pas à la millième partie de celle que fournit directement la nature.

On peut évaluer à 3 980 billions de tonnes la quantité d’azote que contient l’atmosphère terrestre. C’est dire que les combinaisons résultant de l’action de l’électricité n’affectent annuellement qu’un trois millionième de cette quantité totale, — en admettant que l’océan reçoit autant de produits azotés que la terre ferme. L’azote ainsi combiné fait prospérer la végétation terrestre ou aquatique. Après que l’activité vitale des plantes a parcouru son cycle, cet azote retourne soit dans l’atmosphère, soit à l’océan, dont la teneur en azote se trouve, par la dissolution, en équilibre avec celui de l’air. Il n’y a donc pas à craindre une diminution sensible de l’azote de l’air, ce qui concorde avec ce fait qu’aucune accumulation progressive des combinaisons azotées n’a été remarquée, ni dans les parties solides ni dans les parties liquides du globe.

Comparons ces faits avec ce qui se passe pour l’acide carbonique (voy. p. 61). Le cycle annuel de la végétation du globe n’en absorbe pas moins d’un cinquantième du contenu de l’atmosphère. Comme cet acide carbonique est la source de production de l’oxygène, et que l’air contient, en volume, à peu près sept cents fois plus que l’acide carbonique, la circulation, par combinaison, de l’oxygène de l’air, en affecte environ la 35 000e partie. En d’autres mots, l’oxygène de l’air prend