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Page:Arrhenius - L’évolution des mondes, 1910.djvu/202

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l’évolution des mondes

Il y aurait forcément des parties plus denses que d’autres. Des réactions moléculaires, puis des effets analogues à ceux des marées provenant de l’attraction exercée par le corps central, tendraient à égaliser partout les vitesses angulaires de rotation, de sorte que le tout tournerait comme une sphère gazeuse comprimée, et la structure en spirale disparaîtrait peu à peu. Dans les parties les plus éloignées du centre la vitesse ne croîtrait que jusqu’au point où elle serait égale à celle d’une planète circulant au même rayon. Cela veut dire que son poids serait exactement tenu en équilibre par la force centrifuge.

Aux distances les plus extrêmes du système nouveau les chocs moléculaires aussi bien que la gravitation vers le centre seraient si faibles que les masses qui se trouvent dans ces régions pourront retenir pendant des temps presque illimités, leurs formes primitives.

Au centre de ce système la masse principale serait à l’état d’un soleil vivement incandescent, mais dont la puissance lumineuse diminuerait assez rapidement, par suite de son violent rayonnement.

Dans un grand système nébuleux semblable, la gravité, par suite des énormes distances, n’agira que très faiblement, et ne produira que très lentement des effets sensibles. Il peut cependant, malgré la ténuité extrême de la matière qui le compose, surtout dans ses parties périphériques, arrêter les particules d’une pluie de poussières venant d’autres soleils, et cela précisément par suite de son étendue énorme. Pour que les gaz appartenant à la nébuleuse ne s’éloignent pas définitivement dans l’espace, échappant à la très faible action de la gravité, il faut que ses molécules soient sensiblement immobiles. En d’autres mots, la température ne doit être que de peu de degrés supérieure au zéro absolu, 50 à 60 degrés peut-être. À ces températures extrêmement basses, Dewar a fait voir que l’adsorption joue un très grand rôle. Les petites particules poussiéreuses forment des centres, autour desquels les gaz environnants se condenseront