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génération spontanée

dant lorsqu’on eut découvert les infusoires, ces petits organismes vivants que l’on trouve dans des liquides ayant bouilli, ou dans des infusions, sans qu’on puisse, à première vue, en donner aucune raison. Spallanzani prouva cependant, en 1777, que si ces infusions et le vase qui les contient, ainsi que l’air dans lequel ils se trouvent, ont été suffisamment chauffés pour tuer tous les germes, le tout restait stérile, c’est-à-dire qu’aucun être vivant ne fait plus son apparition. Cette observation est, aujourd’hui encore, le principe qui sert dans la fabrication des conserves.

On opposa des objections à cette démonstration. On dit que, par le chauffage, l’air s’altérait si profondément que le développement des petits êtres en était rendu impossible. Mais ces objections furent réfutées par les chimistes Chevreul et Pasteur, puis par le physicien Tyndall dans les années 1860 à 1880. Ils firent la preuve que l’air, débarrassé de ses plus petits germes autrement que par un fort échauffement, par exemple par la filtration à travers du coton, ne peut plus causer le développement d’aucun germe. Ce sont tout particulièrement les travaux du grand Pasteur et ses méthodes de stérilisation dont l’application est continuelle dans le laboratoire de bactériologie, qui nous ont de plus en plus contraints à reconnaître qu’un germe est indispensable à la production de la vie.

Néanmoins on voit encore toujours des chercheurs éminents s’efforcer de prouver la possibilité de la génération spontanée. Ils ne se servent pas pour cela de la méthode si sûre des sciences naturelles, mais ils recourent à un mode de raisonnement philosophique. La vie, disent-ils, doit avoir eu un commencement ; c’est pourquoi il faut bien croire que la génération spontanée doit avoir existé au moins une fois, bien que nous ne puissions plus la réaliser dans les conditions actuelles. Il y eut grande émotion lorsque le célèbre physiologiste anglais Huxley crut trouver dans la vase retirée du fond des mers un certain corps albuminoïde, auquel il donna le