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l’évolution des mondes

les spores, dans leur voyage, auraient atteint l’orbite de Neptune, et que leur température serait descendue à ‒220 degrés, les réactions vitales se feraient avec une intensité d’environ un milliard de fois moins grande qu’à 10° C. La puissance germinative ne diminuerait donc pas à ‒220 degrés dans l’espace de 3 millions d’années, plus que dans une seule journée à 10 degrés. Il n’est pas improbable que le froid intense qui règne dans les espaces stellaires soit puissamment conservateur à l’égard des germes repoussés au loin. Ces germes seraient ainsi en état de supporter des trajets infiniment plus longs que nous ne serions portés à le supposer d’après leurs conditions d’existence aux températures qui nous sont normales.

MM. Madsen et Nyman, ainsi que MM. Paul et Prall, ont fait un certain nombre d’expériences très remarquables sur l’influence de la température dans l’extinction de la vie. Les premiers ont cherché la résistance des spores du sang de rate, à des températures variées au dessous de zéro. Lorsqu’elle était basse, par exemple dans une cave à glace, les spores se conservaient en vie pendant des mois, sans rien perdre sensiblement de leur faculté de développement. À 100 degrés, au contraire, elles périssaient en quelques heures. Ce qu’il y a de remarquable ici, c’est que la température a la même influence que sur d’autres fonctions vitales, de manière que le développement se fait environ deux fois et demie plus vite quand la température s’élève de 10 degrés. Ceci est d’ailleurs à peu près conforme à l’hypothèse que j’ai mise à la base de mes calculs sur la faculté germinative par des températures très basses.

Tandis que ces expériences étaient faites pour des températures supérieures à zéro, celles de Paul et Prall se rapportaient en partie au point d’ébullition de l’air liquide (‒190° C). On employa dans ce cas des formes végétales, à l’état sec (et non des spores), de Staphylocoques, qui sont des bactéries. Tandis qu’à la température ambiante d’une chambre ces êtres mou-