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dispersion des germes dans l’espace
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à son tour renvoyé vers l’océan d’éther par la répulsion des autres particules identiquement chargées.

Supposons maintenant, suivant les théories de la science moderne, que des charges électriques aient une limite de divisibilité, tout comme la matière elle-même, et qu’on arrive à un minimum de charge. On peut l’évaluer à environ 3,5×10‒10 unités électro-statiques.

On peut alors calculer sans peine quelle doit être la puissance d’un champ électrique suffisant pour repousser plus loin, en sens inverse de la pesanteur, un spore chargé comme nous venons de le dire, et dont le diamètre est de 0,00016 mm. On trouvera qu’il suffit pour cela d’un champ de 200 volts par mètre. On constate souvent des champs électriques de cette intensité, à la surface de la terre, lorsque l’air est pur et le ciel clair. À Potsdam, la valeur moyenne de la chute de potentiel est de 242 volts par mètre. Dans la région des aurores, ce champ est vraisemblablement beaucoup plus énergique et suffit sans doute très bien pour contrebalancer l’effet de l’attraction terrestre sur les spores arrivés à ces hauteurs, et pour les expédier plus loin dans l’espace mondial.

Il devient ainsi probable que des germes, appartenant aux organismes les plus inférieurs qui nous soient connus sur la terre, sont continuellement projetés loin de la terre, comme aussi de telle autre planète où ils pourraient exister. Tout comme dans les germes, la plupart de ces spores vont au-devant de la mort dans les espaces si froids de l’étendue infinie qui nous entoure ; mais une faible fraction d’entre eux peut parfaitement tomber sur d’autres corps célestes et y propager la vie si des conditions favorables s’y trouvent réunies. En général ce ne sera pas le cas. D’autres fois, il se peut qu’ils tombent sur un sol fertile. Et lors même qu’il s’écoulerait des millions d’années entre le moment où une planète est susceptible de devenir un véhicule de vie, et celui où un premier germe y tombe et fructifie, pour en prendre possession pour la vie organique,