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l’évolution des mondes

de ce qui remplissait jadis le conduit central d’un volcan, sont très fréquents en Écosse et dans l’Amérique du Nord, où on leur donne le nom de « Necks »[1] (fig. 7).

On trouve au Colorado des vallées profondes, désignées sous le nom de « Cañons », dont les parois sont pour ainsi dire verticales, et qui sont le résultat de l’érosion par l’eau des rivières qui coulent encore, ou qui ont coulé dans leur fond. Ces parois permettent d’y faire des études d’un haut intérêt, comme le montre, par exemple, un dessin de Dutton, reproduit schématiquement
Fig. 07, Mato Tepee, Wyoming
Fig. 7. — Mato Tepee, dans le Wyoming.
Un type de neck volcanique.
dans la figure 8. La paroi qu’il représente a une hauteur franche d’environ 800 mètres. On y remarque quatre traînées qui ne sont autre chose que des fissures, remplies jadis par des laves qui s’élevaient par elles jusqu’à la surface. Au sommet d’une de ces fissures, il existe encore aujourd’hui un petit cône de cendres volcaniques, tandis que ceux qui, sans doute ont également existé à l’exutoire des trois autres fissures, ont disparu, emportés par les eaux superficielles, tandis qu’il subsiste encore à chacun un petit « Neck ». Il semble évident qu’une poussée de lave très fluide s’est produite dans des fissures préexistantes, et qu’elle a atteint la surface du sol, avant de se refroidir et de se figer[2]. Il faut reconnaître que la pression sous laquelle arrivait la lave devait forcément être puissante, sans quoi elle n’aurait pas pu atteindre la surface sans se figer.

  1. Littéralement, en anglais : cou.
  2. Cette fluidité provenait probablement d’une forte teneur en magnésie et en oxyde de fer. Un excès de silice produit l’effet contraire. La présence de l’eau pouvait également augmenter la fluidité.