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séismogrammes

centre du tremblement. Parfois on observe que la forte secousse se répète en s’inscrivant à nouveau au bout de quelque temps, un peu affaiblie. Cette deuxième inscription semble indiquer que la propagation a suivi le chemin le plus long autour du globe entre le lieu d’émission et celui de l’enregistrement. Ce phénomène est le même que celui de la propagation de l’onde atmosphérique observée lors de l’éruption du Krakatoa (voy. p. 31). La vitesse de translation est la même pour les deux inscriptions.

Les observations enregistrées par M. Milne l’ont conduit à cette conclusion que si la ligne droite qui joint le centre du séisme au point d’enregistrement ne passe pas à plus de 50 kilomètres au-dessous de la surface de la terre, la secousse est transmise en entier par la croûte solide. Il en conclut à une épaisseur moyenne de cette croûte, égale à 50 kilomètres, ce qui est une remarquable concordance avec l’épaisseur déduite de la considération des températures (voy. p. 18). Il est intéressant d’ajouter que l’on a déterminé, à l’aide d’observations du pendule, la densité de la croûte dans le voisinage des stations. On a cru pouvoir en conclure que jusqu’à 50 ou 60 kilomètres cette densité est très variable, et qu’elle ne devient uniforme qu’à partir de cette profondeur. Ces 50 à 60 kilomètres seraient encore la mesure de l’épaisseur de la croûte terrestre.

L’étude des secousses que subit le sol conduit ainsi à cette conclusion que nos hypothèses sur l’épaisseur peu considérable de la croûte solide et sur la nature gazeuse du noyau central doivent se rapprocher beaucoup de la réalité. Nous pouvons espérer que des études approfondies des séismogrammes nous feront connaître encore bien des choses sur l’état des parties plus profondes du globe, de celles qu’une étude moins critique pourrait faire considérer comme complètement inaccessibles aux recherches scientifiques.