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l’évolution des mondes

ment transparente, sa surface doit être à bien près de 65 degrés. Nous savons toutefois que des nuages épais flottent dans cette atmosphère, nuages probablement formés par des gouttes d’eau, qui nous empêchent de voir la croûte solide ou les océans de la planète. Des observations de Zöllner et d’autres sur la luminosité semblent indiquer que ces nuages renvoient environ 76 p. 100 de la lumière solaire qu’ils reçoivent. En d’autres termes la planète nous apparaît à peu près aussi blanche qu’une boule de neige. Les rayons calorifiques ne sont pas renvoyés dans une proportion aussi élevée. On peut évaluer à la moitié environ de la chaleur reçue, celle qui est absorbée. Cela suffit pour que la température soit notablement diminuée, bien que, d’autre part, cette atmosphère protectrice retienne aussi une certaine portion de la chaleur, sans la laisser rayonner. Mais la température moyenne est certainement beaucoup moins forte que celle de notre tableau, et oscille sans doute autour de 40°. Il n’est donc nullement absurde de croire que de notables parties de la surface de Vénus sont favorables à la vie organique, et parmi elles tout particulièrement celles qui environnent les pôles.

La température de notre globe est, elle aussi, fortement influencée, c’est à dire diminuée, par l’existence des nuages. Ils protègent environ 52 p. 100 de la surface totale contre la radiation solaire. Mais, même par le ciel le plus clair, la totalité de la lumière du soleil n’arrive pas jusqu’au sol. L’air le plus pur contient toujours quelque peu de poussière extrêmement divisée. J’ai essayé une évaluation des effets produits par cette poussière et j’ai trouvé qu’elle nous fait perdre environ 17 p. 100 de la chaleur solaire. Les nuages et les poussières réunis nous retireraient environ 34 p. 100 de la chaleur qui nous arrive. Cela correspond à un abaissement de température de 28 degrés ! Mais par contre cette même poussière, comme les nuages, empêche également le rayonnement, en sorte que, somme toute, la perte qu’elles nous causent peut s’évaluer à 20° c.