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absorption de l’acide carbonique de l’air

lions d’années au dépôt des sédiments qui contiennent de l’acide carbonique. Comme on le voit, cette estimation concorde très bien avec celle faite plus haut sur d’autres bases.

Ce qui précède nous permet de nous rendre compte dans une certaine mesure, de l’énorme développement qu’avait pris, à certaines époques géologiques, la végétation du globe, notamment pendant l’ère carbonifère.

Cette ère nous est connue par la masse énorme de restes végétaux qui se sont trouvés enfouis dans les marais argileux, pour s’y carboniser lentement, et qui maintenant, par le fait de leur exploitation, restituent à sa condition primitive, par la combustion, l’acide carbonique qui les a formés. Une proportion notable de ce corps, contenu dans l’atmosphère, avait disparu et s’était déposé dans le sein de la terre à l’état de charbon, de lignite, de tourbe, de pétrole ou d’asphalte. L’oxygène qui en faisait partie intégrante avait été libéré et restait à l’état gazeux. On a pu faire l’estimation de cet oxygène encore contenu dans l’air. On l’a évalué à 1 216 billions de tonnes. Et on a reconnu que cette quantité correspond approximativement à la quantité de carbone qui se trouve fixé, solidifié, dans les couches sédimentaires.

De là à conclure que tout l’oxygène de l’air a été produit aux dépens de l’acide carbonique de l’atmosphère il n’y a qu’un pas. Cette idée a été énoncée pour la première fois en 1856, par Koene, de Bruxelles. Elle a été l’objet de vives discussions et elle a gagné en vraisemblance. Il est vrai qu’une certaine quantité d’oxygène a certainement dû disparaître dans la décomposition des minéraux, par exemple dans l’oxydation des pyrites et des sels de protoxyde de fer. Sans cela la teneur en oxygène de l’air serait plus grande encore. Mais d’un autre côté il existe dans les dépôts sédimentaires un nombre considérable de corps désoxydés. Les pyrites même se sont parfois reconstituées, par exemple, par l’intermédiaire du carbone, sous forme de matières organiques. Un nombre considérable de corps se sont décom-