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l’oxygène atmosphérique

nique. Cette transformation a pu se continuer ainsi jusqu’à ce que l’oxygène subsistât presque seul, à peu près conformément à la composition actuelle de l’air[1].

Cet oxygène est d’une nécessité absolue pour l’existence de la vie animale. Nous considérons les animaux comme plus élevés que les plantes dans l’échelle des êtres vivants : ils ont de même apparu sur la terre à une époque plus récente. Les végétaux n’ont besoin pour vivre que d’une température appropriée, d’acide carbonique et d’eau. Ces gaz existent vraisemblablement dans l’atmosphère de toutes les planètes, attendu qu’ils sont les produits de dissociation de leurs masses incandescentes, soumises à un lent refroidissement. Le spectroscope a prouvé qu’il existe effectivement encore de l’hydrogène dans l’atmosphère d’autres planètes que la nôtre : Vénus, Jupiter et Saturne. Cela est démontré indirectement aussi pour Mars[2]. M. Slipher a fait, en 1908, des mesures de l’intensité de certaines bandes d’absorption qui sont caractéristiques de la vapeur d’eau, et qui existent dans la lumière réfléchie par la planète Mars. La

  1. D’après un de mes collègues, botaniste, les résultats des expériences de Phipson seraient très douteux, et il faudrait, selon lui, toujours une certaine quantité d’oxygène pour que le vie végétale puisse exister. On pourrait alors se représenter comme suit ce qui s’est passé. Lors de la séparation entre la masse terrestre et le brouillard solaire la partie périphérique de notre planète se trouvait à une température très élevée. Elle ne pouvait retenir des gaz ultra-légers comme l’hydrogène et l’hélium. Par contre, des gaz denses, comme l’oxygène et l’azote, s’y trouvaient retenus. L’excédent primaire d’hydrogène, comme l’hélium, disparurent avant que la croûte du globe put se former. Lorsque cette croûte se fut constituée il restait donc une masse principale d’azote, une proportion faible d’oxygène, puis de l’acide carbonique et de la vapeur d’eau. À partir de ce moment, le monde végétal, puisant dans la masse d’acide carbonique, produisit à nouveau de l’oxygène, et il se forma ainsi la quantité actuellement existante d’oxygène libre.

    C’est à Johnstone Stoney que nous devons l’hypothèse que les corps célestes perdent peu à peu leur enveloppe atmosphérique. Ces gaz s’en vont d’autant plus rapidement que leurs molécules sont plus légères, et que la masse du corps lui-même est plus faible. Cela expliquerait pourquoi les petits globes, tels que la lune et Mercure, ont perdu à peu près totalement leur atmosphère. La terre, par contre, n’a perdu que l’hydrogène et l’hélium, qui subsistent encore dans le soleil.

  2. Par l’existence de la neige.