Page:Artaud - Artaud le Mômo, 1947.djvu/66

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Car c’est par les médecins et non par les
malades que la société a commencé.

Ceux qui vivent, vivent des morts.
Et il faut aussi que la mort vive ;
Et il n’y a rien comme un asile d’aliénés pour couver doucement la mort, et tenir en couveuse des morts.
Cela a commencé 4.000 ans avant J.-C. cette thérapeutique de la mort lente,
et la médecine moderne complice en cela de la plus sinistre et crapuleuse magie, passe ses morts à l’électro-choc et à l’insulino-thérapie afin de bien chaque jour vider ses haras d’hommes de leur moi,
et de les présenter ainsi vides,
ainsi fantastiquement
disponibles et vides
aux obscènes sollicitations anatomiques et atomiques
de l’état appelé Bardo, livraison du barda
de vivre aux exigences du non-moi.