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Page:Arvers - Poésies, 1900.djvu/300

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A A..... T..... [1]




I


A....., j’ai vu des jours où nous vivions en frères :
Servant les mêmes dieux aux autels littéraires :
Le ciel n’avait formé qu’une âme pour deux corps ;
Beaux jours d’épanchement, d’amour et d’harmonie
Où ma voix à la tienne incessamment unie
Allait se perdre au ciel en de divins accords.

Qui de nous a changé ? Pourquoi dans la carrière
L’un court-il en avant, laissant l’autre en arrière ?
Lequel des deux soldats a déserté les rangs ?
Pourquoi ces deux vaisseaux qui naviguaient ensemble,
Désespérant déjà d’un port qui les rassemble,
Vont-ils chercher si loin des bords si différents ?

  1. Les initiales A..... T..... désignent Alfred Tattet, grand ami d’Arvers et d’Alfred de Musset ; et c’est ce dernier qui est clairement désigné dans cette boutade, qui dut, sans doute de ne pas être imprimée dans le volume de 1833 à l’excellente entente qui ne cessa de régner entre Tattet et Arvere et même, quoique moins intime, entre rvers et l’auteur des Nuits. (Note de l’édition.)