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Les côtes de l’Irlande offrent aux navires, sur toute leur étendue, des baies spacieuses et commodes, des ports sûrs, des mouillages excellents. Le port de Cork, un des plus vastes et des plus renommés de l’Europe, est situé à l’entrée du canal de St-Georges et l’Ooéan. En suivant le rivage on trouve de nombreuses petites échancrures où les flots viennent battre un sable fin et doré ; des villages de pêcheurs s’élèvent sur les falaises ou se cachent à l’abri des rochers. Il est cependant des points à peu près déserts, soit que l’atterrissage devienne dangereux à certaines époques, soit que la difficulté des communications rende le trafic impossible ; c’est sur ces côtes abandonnées que débarquent les petits navires de commerce qui font la contrebande.

Dans l’endroit où étaient attendus les montagnards, une longue ligne de rochers formait une sorte de promontoire ; les flats de la marée montante battaient les flancs de cette sombre muraille et la blanche écume jaillissait en gerbes étincelantes ; la plaine liquide reflétait toutes les couleurs du prisme, elle s’étendait à perte de vue. L’âme pacifiée oubliait tout devant ce spectacle superbe, le plus beau de la création. Tout est sublime, tout est parfait dans les œuvres de Dieu ; notre esprit n’imagine rien de supérieur au monde physique qui nous entoure ; mais la fleur se fane, l’herbe aunit, la nature meurt pour revivre et l’hiver plonge dans le deuil la campagne entière ; l’océan seul est immuable et magnifique dans toutes ses variations.

La mer n’est jamais monotone, elle offre à nos yeux une scène mouvante qui change d’aspect comme un théâtre change de décors. Calme et souriante, ses vagues sont bleues et ensoleillées ; de son sein doucement soulevé jaillissent des milliers d’étincelles et, à l’horizon, le ciel d’une teinte pure mêle sa couleur azurée à celle des flots. L’Océan est terrible dans ses colères, ses