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riblement aiguiser votre appétit ; la nuit dernière, j’ai fait une pêche merveilleuse, vous en profiterez.

Dans un enfoncement de la falaise un petit navire démâté, à demi brisé, était échoué sur le sable ; on l’avait redressé, réparé soigneusement, c’était là que le pêcheur et sa famille habitaient.

— Entrez, mes amis, dit le marin, l’hôtellerie est disposée pour vous recevoir.

Il y avait à l’intérieur du navire une jolie pièce, bien entretenue, sur laquelle ouvraient plusieurs petites cabines, c’était le logement de la famille ; dans l’entrepont un espace assez grand avait été aménagé pour recevoir des marchandises. Gibs avait étendu là de la fougère, c’était ce qu’il appelait l’hôtellerie.

Dans la cheminée de la chambre principale, un beau feu pétillait sous une grande marmite, d’où s’exhalait une forte odeur de poisson. La femme du pêcheur préparait le repas, aidée d’une jeune fille de seize à dix-sept ans, aux cheveux noirs, au teint brun, au franc sourire.

— Lizzy, dit Gibs avec bonhomie, je t’amène sept convives qui ont marché toute la matinée, c’est assez dire qu’il faut leur servir un dîner confortable.

— Ce sera facile, mon père, les provisions ne manquent pas ; j’espère que nos amis de la montagne ne te trouveront pas mal chez nous.

La jeune fille dit cela gracieusement et son regard se fixa particulièrement sur le beau visage de Clary ; celui-ci répondit en souriant :

— Nos séjours ici, Lizzy, sont toujours une fête, nous ne saurions assez reconnaître la peine que vous prenez pour nous.

— Allons, je n’aime pas les façons, dit le marin, chacun fait de son mieux, c’est tout simple. En attendant l’arrivée du navire nous tâcherons de nous distraire, le moment est favorable à la pêche ; je veux que vous por-