où elle se trouve, qui a fait d’un peuple noble, intelligent et bon un vil troupeau qu’une caste privilégiée exploite à son profit ?
William promena son regard sur les merveilles qui l’entouraient, il reprit :
— Sa Seigneurie a-t-elle jamais pensé à comparer ces splendeurs aux misérables cottages où vivent les malheureux nés sur le sol irlandais ?
— Cette comparaison est inconvenante, jeune homme ; souvenez-vous que vous parlez à lord Sulton. Je vous témoigne une immense indulgence, n’en abusez pas.
— Que votre Seigneurie me pardonne. Dieu a-t-il créé d’un limon particulier le landlord anglais et le pauvre paddy irlandais ?
— Je ne puis vous écouter plus longtemps, William Pody ; je ne m’explique pas pourquoi vous me parlez ainsi, fit lord Sulton avec hauteur. Voulez-vous me faire payer au prix d’injures le secret que vous avez promis de me révéler ?
— Je n’ai rien promis, mylord, et s’il ne me convient pas de parler…
— Savez-vous que je puis vous faire arrêter comme complice des assassins de mon père ? Vous connaissez leur retraite et leurs agissements.
— Que votre Seigneurie me fasse arrêter si elle y trouve de l’avantage.
— Non, je ne le ferai pas, je vous promets même la liberté de votre fiancée et ma protection à l’avenir. Vous donnerez loyalement votre concours à la justice. Je veux châtier les coupables, mais ceux que vous me désignerez comme innocents seront épargnés.
Je vais demander des troupes à Dublin et organiser au plus tôt l’expédition.
— Mylord, il ne faudrait pas différer, car les brigands sont très bien informés des mouvements de la police ;