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La race des O’Warn était éteinte, l’Irlande perdait un de ses plus nobles enfants.

Les montagnards n’étaient que dix contre vingt, mais ils se battaient avec l’ardeur du désespoir ; les Anglais culbutés, écrasés, se replièrent en désordre vers le lieu où étaient massées les troupes.

Profitant de ce moment de déroute, les montagnards relevèrent leurs blessés et le corps de Clary et gagnèrent les bords du lac où tous les habitants des cottages étaient réunis.

Six soldats anglais gisaient blessés ou morts sur le terrain.

Les proscrits pénétrèrent tous dans le souterrain, l’entrée fut barricadée à l’intérieur par des blocs énormes ; cette longue galerie aboutissait à un enfoncement de la montagne, une sorte de trou aux bords escarpés comme ceux d’un précipice : là ils étaient à l’abri de toute poursuite.

Les troupes anglaises se rallièrent à la hâte et, conduites par William, arrivèrent devant la caverne.

— Voilà les cabanes où habitent les brigands, dit-il, et maintenant voici leur repaire ; ils se sont solidement barricadés.

Le commandant ordonna de déblayer l’entrée. À l’aide d’un levier, on souleva les blocs de pierres qui fermaient l’ouverture ; après un long travail on parvint à y pénétrer.

— La visite du souterrain sera périlleuse, dit un des officiers, car nous ne pouvons faire entrer plus de deux ou trois hommes de front, et les brigands se défendront énergiquement.

— Il faudrait cependant, répliqua le commandant, être un peu fixé sur la profondeur et les dispositions intérieures de cette caverne. Qu’on allume des torches et que dix hommes y entrent avec prudence.

Les soldats pénétrèrent dans le souterrain, ils avan-