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— Merci, répondit Jack, Colette va être bien contente de savoir tout cela ; elle n’attendait pour partir que votre assentiment ; au revoir, alors, car, j’en ai l’espoir, nous nous reverrons bientôt.

William Pody ne revint pas à Greenish ; il refusa les libéralités du landlord, réalisa sa petite fortune et quitta l’Irlande. On n’entendit plus parler de lui.

Un mois après les événements auxquels nous avons assisté, il y avait grande réception au château de Greenish. Le capitaine qui avait commandé l’expédition de la montagne venait d’obtenir, par les soins de lord Sulton, un poste important dans l’armée des Indes ; avant son départ le landlord l’avait invité à un dîner auquel assistaient les officiers qui l’avaient secondé dans cette affaire.

Au dessert de ce repas arrosé de copieuses libations, sa Seigneurie porta la santé du commandant en ces termes :

— Je bois au brave officier qui a délivré notre pays du brigandage[illisible].

Un hourrah salua ces paroles.

Au même instant des coups de feu retentirent dans la plaine ; les convives se levèrent.

Une flèche lancée par une main invisible, pénétrant dans l’appartement, s’abattit sur la table du festin, un papier y était fixé ; lord Sulton s’en empara et lut :

« Au vainqueur des brigands de la montagne. Gaspard. »

« — Mort de mon âme ! s’écria le landlord en brisant son verre ; messieurs, que signifie cette comédie ?

Les officiers consternés mirent la main à l’épée en s’écriant :

— Le misérable a échappé, il faut le poursuivre !

— C’est inutile, messieurs, cette sortie ne serait que ridicule.