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Page:Arvor - Dent pour dent, scènes irlandaises, 1906.djvu/92

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valoir ; j’aime Colette, je la trouve riche de beauté et de vertus, je ne lui demande que son affection.

— Elle vous la doit bien, interrompit la mère.

— Hélas ! l’affection ne se commande pas, murmura William avec un soupir, j’ai l’espoir d’obtenir celle de Colette.

— Colette vous aime beaucoup, reprit mistress Buckly, mais elle n’a que seize ans et la tête un peu légère.

— La linotte de Greenish regrette sa liberté, fit Colette en souriant.

— Oh ! ma chère amie, dit William, je ne me propose pas de vous imposer un dur esclavage, vous serez libre et heureuse près de moi. J’ose dire que vous jouirez d’une position enviée. Oui, Colette, il n’est pas une jeune fille dans le pays qui n’accepterait avec joie le sort qui vous est offert. Vous échangez la pauvreté contre une situation fortunée ; sans me flatter, j’en vaux un autre, vraiment y a-t-il lieu de tant se faire prier !

Le jeune homme s’était animé, il se leva et prenant congé de la famille, il sortit fort mécontent. Colette ne dit pas un mot pour le retenir.

Ce brusque départ jeta dans la consternation mistress Buckly et son mari, Colette fut accablée de reproches.

— Voilà le résultat de ta sottise, lui dit sa mère, il ne reviendra plus, tu es une tête folle, tu ne vois pas la conséquence de ta conduite. Que deviendras-tu si William t’abandonne ? Par ta faute, ta famille languira dans la misère.

Le fermier était encore plus mécontent.

— Tout peut se réparer, dit-il, j’irai trouver William ; je ne crois pas qu’il retire sa parole, il aime notre fille, il pardonnera un moment de caprice, mais il ne faut pas que cela se renouvelle. Colette, je vais te parler sérieusement puisque tu m’y obliges. Depuis quelque temps tes manières ne me vont pas ; ton imprudence peut un jour à l’autre attirer sur les tiens de graves dan-