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FRIQUETTES ET FRIQUETS

un bouquet de châtaigniers, je surpris, bien sans le vouloir, ce pittoresque dialogue :

— « Babylas ? — Guï ! guï ! — Donnez vos menottes, Babylas. — Guï !… — Assez de guï guï comme cela. Donnez vos menottes et caressez maîtresse qui vous aime et ne veut pas vous laisser rôtir. »

C’était, figurez-vous d’ici l’idylle, c’était mademoiselle Marine, les yeux en pleurs, assise au revers d’un fossé et tenant par les pattes de devant le petit cochon, baptisé Babylas pour des motifs mystérieux, le petit cochon qui, debout, les pieds dans la mousse, secouait ses oreilles courtes et remuait son groin rosé.

J’apparais. Marine surprise lâche Babylas qui s’enfuit. Je cours, je rattrape Babylas, je le ramène en le flattant. Puis je m’assieds près de Marine, qui me raconte son histoire.

Essayeuse six jours de la semaine dans un important magasin, mademoiselle Marine se reposait le septième en tenant la barre sur le canot où ramait Fernand. Depuis quelque temps cela ne l’amusait plus guère. Braves garçons ces canotiers, mais pas galants du tout, ne songeant qu’à développer leurs biceps,