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L’abbé Groulx exagère de parti pris les ravages de l’anglomanie. Voyez, dit M. du Roure, il ne veut même pas que Lantagnac appartienne au Golf Club ! — Le trait est spirituel, ou du moins voudrait l’être. Seulement, il porte à faux. Lantagnac renonce au Golf Club parce qu’avec tous les hommes d’idées il a constaté la futilité de vouloir mener de front les luttes d’idées et la vie mondaine. Être du Golf Club, ou de l’University Club, n’est pas forcément un signe d’anglomanie, mais pour quiconque voudra consacrer sa vie à la défense de la liberté d’enseignement — d’enseignement du français — ce sera à coup sûr une sottise. Les races en péril de mort ne se sauvent pas en sollicitant humblement leur entrée dans des cercles qui blackboulent Lavergne et Bourassa — parfaits hommes du monde — pour leurs opinions politiques, mais qui, à l’occasion, jugeront le péculat notoire et la banqueroute frauduleuse compatibles avec la qualité de gentleman.

L’abbé Groulx est partial dans la peinture de ses personnages ; selon qu’ils sont anglais ou français, il nous les rend odieux ou sympathiques. Comparer en particulier Maud et Davis Fletcher, l’avocat Duffin, William et Nellie, avec Lantagnac, Virginia et Wolfred. — C’est à voir. Pas besoin, il nous semble, d’une grande psychologie pour deviner que les enfants de Lantagnac seront avec lui confiants ou fermés, affectueux ou réservés, selon qu’ils prendront parti pour lui