Page:Asselin - L'œuvre de l'abbé Groulx, 1923.djvu/38

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plore, tout en l’expliquant par l’orgueil des grands voyages, des merveilleuses aventures, la vantardise de nos ancêtres. Prenons garde que la susceptibilité excessive est souvent proche parente de ce travers. De Quatrefages se trompe sur nos origines, et avec lui deux ou trois autres y compris Barrès, mais on ne compte plus les historiens, les sociologues et les voyageurs français qui ont parlé de nous en toute compétence et bienveillance, depuis le P. Chrestien-Leclerc, Lescarbot, Charlevoix, jusqu’à Salone, André Siegfried, Marcel Dubois, Bazin et Louis Hémon, en passant par Tocqueville, Duvergier de Hauranne, Rameau de Saint-Père, Henri Martin, LePlay et Reclus. Et puis, est-ce un si grand crime ou un si grand déshonneur que d’avoir comme Chapleau, Mgr Laflèche et Charles Gill, du sang indien dans les veines ? Ce que Barrès a écrit de nous de la meilleure foi du monde dépasse-t-il en inexactitude l’idée que la plupart des Canadiens-Français se font, encore aujourd’hui, des premiers colons de l’Australie, de la Sibérie ? Une des femmes les plus élégantes que j’aie connues était une Patagonne ; comme elle avait de l’esprit, elle ne m’en voulut nullement d’avoir pu croire que tous les Patagons étaient des sauvages. En pareille matière, la réponse la plus adéquate est encore le sourire. À nourrir trop amoureusement ses griefs d’amour-propre on en arrive, comme M. l’abbé Filiatrault, à traiter M. Louis Arnould de fabuliste parce