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le devons à la France ; tout ce qui nous menace vient des sociétés anglo-saxonnes. Ne nous diminuons pas nous-mêmes en ramassant les ragots des Encyclopédistes dans l’égout de Frédéric II pour les jeter à la face d’un roi de France qui eut ses faiblesses, mais à qui l’histoire reconnaît aujourd’hui, tardivement, les qualités d’un grand roi. M. Groulx l’a d’ailleurs compris, puisque les Lendemains de conquête et Vers l’émancipation contiennent en plusieurs endroits la reconnaissance des véritables dispositions de Louis XV à l’égard du Canada. Il remettra les choses au point dans une deuxième édition de la Naissance d’une race. Après cela, qu’il traite la Pompadour de gonzesse et Voltaire de vieillard lubrique, je crois avoir indiqué que la chose m’est parfaitement égale.

Dans sa peinture du Canadien de l’ancien régime, M. Groulx a-t-il usé de couleurs trop complaisantes, laissé dans l’ombre une partie de la vérité ? Après l’idylle pastorale, quasi biblique, des premiers temps de la Nouvelle-France, les documents les plus autorisés nous montrent notre ancêtre chicanier, nomade, vantard, imprévoyant, — il l’est resté, — aimant la « boisson forte, » profiteur de guerre, trafiquant volontiers avec l’ennemi, gallican, dur sur la dîme. Mais il est aimable, obligeant, humain, respectueux de la parole donnée, des lois de la guerre, à tel point que l’Anglais de Manhatte ou d’Orange devra passer par son entremise pour la grande trai-