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Page:Asselin - L'œuvre de l'abbé Groulx, 1923.djvu/67

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est vrai, et à plusieurs égards le plus faible, — il dit que « les motifs d’espérer de nos aïeux, en 1791, leur venaient d’abord des institutions britanniques. » Sa prétendue anglophobie est une légende d’esprits faibles à qui la vigueur des shakehands et la chaleur pénétrante des punchs bus en commun dans les clubs ont troublé l’entendement ; une invention de fonctionnaires officieux par nature et au surplus en quête d’avancement dans des administrations où le loyalisme ne dispense pas toujours de compétence, mais où la compétence sans le loyalisme ne mène jamais à rien. Mais alors que le Français lui apparaît le même dans la vie collective comme dans la vie individuelle, avec un bon sens dont on ne saura jamais trop le louer, il voit dans le civil anglais[1] deux hommes : l’individu, généralement franc, loyal, tolérant, généreux, et l’être collectif, généralement fourbe, hypocrite, égoïste, intolérant, respectueux des conventions dans la seule mesure de ses intérêts. Devant les documents décisifs, il s’incline, peu importe le sens de la décision ; mais en face d’une contradiction, il prend très sagement conseil du présent. C’est là la supériorité de sa méthode historique sur celle de M. Chapais. Les Anglais de M. Chapais sont des gens que nous n’avons jamais vus que dans les livres : ceux de M. Groulx, avec leur double personnalité de Jekyll et Hyde, sont ceux que nous voyons depuis notre enfance.

  1. C’est à dessein que je laisse de côté le militaire. — O. A.