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De grâce, ne disons point que tout est perdu. C’est déjà le commencement du salut que d’être sorti du régime des équivoques et d’apercevoir enfin une grande lumière sur les routes de l’avenir. Nous gardons en réserve encore plus de forces qu’il n’en faut pour réagir, si seulement l’on décide d’exploiter avec intelligence et honnêteté ces vivantes énergies. Nous continuerons de vivre si, au lieu de chercher la paix et la grandeur du pays dans le sacrifice des minorités françaises, les chefs de demain se montrent jaloux des droits de leur race, pénétrés de sa valeur civilisatrice ; s’ils croient opportun de barrer la route au pananglo-saxonisme dans l’Amérique du Nord ; si, convaincus de la gravité de l’heure, ils se montrent aussi fermes que la conscience, aussi grands que le devoir.

Arrivé au terme de notre histoire politique, devant cette grande baraque de la Confédération déjà lézardée et menaçant ruine, va-t-il, comme M. Chapais, levant les bras au ciel dans un désespoir sincère mais plutôt risible, nous adjurer de rester sous le toit et de nous fier à la Providence ? Non, Mesdames et Messieurs. L’étude de l’histoire, qui chez d’autres n’engendre que béatitude ou stupeur, a confirmé cet homme de foi dans la conviction qu’il faut faire violence au ciel. Écoutez sa conclusion :

Vous vous demandez avec anxiété quel sort sera fait à notre race dans ce funeste écroulement. N’accusons point la confédération de tous nos malheurs. À mesure que l’histoire se déroulera, nous verrons, de mieux en mieux, je pense, le rôle nécessaire de cette dernière période dans notre existence nationale. Elle nous a vus maîtres dans notre province et nous a donné le temps de prendre de la vigueur. Une annexion prématurée aux États-Unis eût mis à trop rude épreuve nos forces de résistance. Nos reculs et nos défaites sont moins le résultat des arrangements boiteux de 1867 que des erreurs de notre direction. Quand nous aurions réussi à faire insérer dans le pacte fédéral dix fois plus de garanties, soyons-en per-