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Et il n’y a pas deux mois, n’est-ce pas encore lui, l’abbé Groulx, qui terminait ainsi le résumé de l’enquête de l’Action française sur la possibilité de la création d’un État français au Canada :

Souvent, et non sans quelque raison, la jeunesse a fait le reproche, à ses aînés, d’avoir été avares de directions positives. Nous lui apportons un idéal d’ordre qui domine de haut tous les problèmes. Qu’elle l’accueille pour le méditer. Elle est trop loyale pour nous condamner péremptoirement, comme les mandarins de l’insignifiance, sans nous avoir lus. D’autre part, si la raison est avec nous, la jeunesse ne peut passer indifférente à côté d’un débat où se trouve engagée la direction de sa vie. Déjà, d’ailleurs, elle peut s’en apercevoir : l’idéal d’un État français va correspondre de plus en plus parmi nous à une sorte d’impulsion vitale. Quand les incertitudes politiques ne l’imposeraient point, la pensée des chefs y devra venir ; elle y vient déjà par l’insuffisance des doctrines actuelles, par le besoin impérieux d’un principe de salut qui nous fasse sortir du chaos de nos divisions et de nos labeurs dispersés.

Seulement, que la jeunesse s’en souvienne : il y a des heures qui ne sonnent jamais deux fois dans la vie d’une nation. Quant à nous, pas plus qu’elle, nous ne voulons être des idéalistes spéculatifs. Nous ne promettons pas d’agir ; nous avons commencé.

Ces coups de clairon répétés, quel autre de nos historiens les a prodigués, du moins avec pareil éclat et pareille autorité, à une noble race que la défaite politique et économique, résultat, pour une large part, de l’ignorance suffisante ou des calculs crapuleux de ses politiciens, inclinait définitivement à tous les abandons ?

Nous avons connu des orateurs qui parlaient non moins bien. La gloire propre de l’abbé Groulx, ce qui fait de son cours d’histoire, entre