Page:Asselin - Pensée française, pages choisies, 1937.djvu/8

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

CESSONS NOS LUTTES FRATRICIDES !



LES jeunes ont devant eux une grande et noble tâche. Celle d’élever la race canadienne-française, par la parole et par l’exemple, au dessus des stupides querelles dans lesquelles elle s’est épuisée depuis quarante ans, par suite des conseils intéressés des plus vils des hommes, les politiqueurs.

Croit-on que, dans un pays où la minorité compte pour un tiers et peut, par conséquent, avec l’appui des éléments les plus libéraux de la majorité, faire et défaire les cabinets, un chef de gouvernement comme sir Wilfrid Laurier et un chef d’opposition comme M. Charles Tupper, eussent demandé aux Chambres un crédit de deux millions pour défrayer une expédition militaire en Afrique-Sud, s’ils n’avaient eu la conviction que quarante années d’un parlementarisme étroit, et d’une politique de bleus et de rouges appliquée à tout, jusqu’à nos phares, nos quais, à nos chemins de colonisation, avait abaissé le caractère de nos hommes publics, abâtardi leur volonté, atrophié leur sens moral ?

Nous avons eu un beau réveil en 1886. Après cinq ans de merciérisme, nous nous sommes rendormis on sait où.