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PENSÉE FRANÇAISE

que la Croix avait presque ruiné auprès du clergé par l’insinuation, — à cause précisément de ses déclarations en faveur de l’uniformité des livres et de l’enseignement gratuit, — faisait ces jours derniers devant un auditoire protestant un panégyrique éclatant de l’instruction religieuse. M. Godefroy Langlois n’a jamais, que je sache, énoncé les vues que l’on reproche à M. Beaulieu, et vous lirez toute la brochure de la Ligue de l’Enseignement sans y trouver un mot en faveur de l’enseignement gratuit et obligatoire. Il vous incombe donc d’expliquer en quoi le système préconisé par M. Beaulieu est contraire à la doctrine de l’Église ; comment, appliqué par les autorités auxquelles l’école est soumise dans la province de Québec, il pourrait devenir un instrument de laïcisation et de neutralisation.

Séparons, pour les fins de la discussion, la contrainte et la gratuité. Ces deux principes ne sont pas nécessairement indissolubles : le Conseil de l’instruction publique a approuvé la distribution de livres de lecture uniformes, il ne s’est pas prononcé sur la contrainte.

Quelle objection voyez-vous, au point de vue religieux, à ce que la société défraie l’instruction des enfants pauvres ? En mettant le père de famille et le contribuable sans enfants sur le même pied devant l’impôt scolaire, n’a-t-on pas reconnu, sans préjudice des droits de l’Église, que l’instruction publique est une charge sociale, que dans un État bien organisé l’inculcation de certaines connaissances élémentaires à l’enfant est un devoir social ?

La gratuité des livres entraînerait la main-mise de l’État sur l’enseignement ?

Mais que faites-vous de la déclaration de M. Martineau, que dans la province catholique de Québec il ne saurait être question d’enseignement