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Le 25 juin 1917, le Comité France-Amérique offrait au commandant Asselin, alors en permission à Paris, un dîner en reconnaissance des services qu’il avait rendus à la cause des Alliés. Les paroles qui suivent sont extraites d’un discours qu’il fit à cette occasion :


…Je vous ai, depuis le commencement, parlé de moi, de mes concitoyens, de mes compatriotes. Je veux maintenant vous parler de vous. Ce sera pour me reposer. Ce me sera d’autant plus agréable qu’il se trouve que vous, c’est, au fond, encore nous.

On lit quelquefois chez nous que cette guerre est surtout la guerre de l’Allemagne et de l’Angleterre. Cela serait vrai si l’Allemagne n’avait attaqué la France d’abord et cherché, au contraire, à tenir l’Angleterre hors du conflit. Mais, pour que cela fût vrai, il faudrait aussi que la guerre eût résulté uniquement d’un antagonisme d’intérêts commerciaux. Or, comment n’y pas voir aussi une guerre philosophique ? Je suis très peu philosophe. Sur la métaphysique, je ne suis pas loin de partager l’opinion de ce grand et séduisant coquin de Voltaire. Et je me garderai bien de faire de l’érudition métaphysique devant une assemblée où jusqu’ici tout le monde s’est si bien compris. Mais précisément parce que je vais distinguer entre un peuple qui se comprend lui-même et qui se fait comprendre, et un peuple qui se comprend peut-être lui-même, mais qu’on ne comprend pas, dès avant cette guerre où l’Allemand devait se révéler comme un barbare, je préférais passionnément la France à l’Allemagne. J’avais, en mon for intérieur,