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pourquoi on aime la france

celui de Mgr  l’Archevêque de Montréal, il est glorieux dans la guerre actuelle de se battre pour les institutions britanniques.

De la Belgique, que vous dirai-je, que vous n’avez déjà entendu ? Que vous dirai-je surtout, que vous n’ayez déjà dans le cœur et sur les lèvres ? Il circule bien des sophismes sur les origines et les causes du conflit actuel. Je ne sais pas si je n’ai pas lu dans certains journaux que dans cette guerre comme dans la fable c’est l’agneau qui a provoqué le loup. Mais par le besoin qu’il sent de se disculper, l’assassin s’accuse. Nouveau Macbeth, il fait trop souvent le geste de se laver les mains. La tache restera. Jusqu’à la fin des temps, la Belgique martyre, belle de toute la beauté du droit outragé, se lèvera contre son agresseur, et tout fils de chrétien s’écriera, comme Clovis au récit d’une autre Passion : « Si j’avais été là ! » Mesdames et Messieurs, nous ne voulons pas être de ceux qui diront dans vingt ans : « Si j’avais été là ! » Nous avons vu le crime, nous sommes là ! Tant que le sang de la Belgique n’aura pas été lavé et l’assassin puni, notre sang à nous, notre vie, jeunes hommes de toutes races et de tous pays qui avons sucé dans le lait de nos mères ou tiré de la lettre imprimée la juste notion du droit, — nous surtout du Canada français, que les conditions nouvelles de notre existence rendent frères de tous les persécutés, — notre sang, notre vie, ne nous appartiendront plus !

Et maintenant, avec vous tourné vers d’autres sommets, — les plus hauts que l’âme humaine ait encore atteints dans l’empire sur soi, dans le renoncement, dans le sacrifice, — des mots plus forts, mais des mots forts et tendres à la fois, se pressent tumultueusement à mes lèvres. Dans sa claire robe d’héroïsme, faite de rayons et d’éclairs, et tellement mariée à sa chair que la chair en est diaphane, mère toujours jeune de cette Jeanne d’Arc qu’elle seule a pu porter dans ses flancs, ses beaux yeux tristes illuminés par la sereine conscience