Arrêtons ici ces ſouvenirs des ſuprêmes douleurs que le public n’a pas le droit de connaître & qui n’appartiennent qu’à ceux qui en ont été les témoins.
Baudelaire s’éteignit doucement & ſans ſouffrance apparente, le ſamedi 31 août 1867, vers onze heures du matin. Il était âgé de quarante-ſix ans & quatre mois.
De même que Henri Heine & qu’Alfred de Muſſet, il n’eut à ſon convoi qu’un cortége d’amis. Son âme hautaine, qui ſe glorifiait de l’impopularité comme d’une marque d’ariſtocratie, ſe fût peut-être réjouie de ce petit concours.
Son deuil fut noblement porté par la preſſe, à part quelques inepties, dernières proteſtations de l’envie & de la ſottiſe humiliée. Mais ces jappements haineux & ridicules furent couverts par les paroles rayonnantes de Théodore de Banville & par l’apologie de Théophile Gautier.
Th. Gautier aimait particulièrement Baudelaire, qui de ſon côté le vénérait comme un maître & le chériſſait comme un ami. Cette affection magiſtrale & quaſi paternelle, dont il lui donna mille preuves pendant ſa vie laiſſera ſon monument dans la notice délicate & ſympathique