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Vie de Charles Baudelaire.

maient. Il a même eu plus tard des entrailles pour Horace Vernet, ſi malmené dans ſes Salons ; il eſt vrai que c’était pour l’Horace Vernet d’avant la Smalah. Ce que nous diſons ici n’a nullement pour but de mettre Baudelaire en contradiction avec lui-même, & de donner à croire qu’il jouât un rôle en ſe délectant des qualités plaſtiques. Je dis ſeulement qu’en lui l’artiſte ſe doublait d’un philosophe, & que le philosophe dominait. Comme artiſte, & plus qu’aucun autre, il jouiſſait de la choſe bien faite, de la bonne exécution, de la perfection de la forme & de la couleur ; mais il en jouiſſait d’autant plus que ces qualités lui faiſaient immanquablement deviner un eſprit ſupérieur & diſtingué ; car en variant ſon axiome on peut dire : pas de bon artiſte ſans un bon eſprit & un ſentiment juſte ; jamais imbécile n’a bien fait quoi que ce ſoit. En un mot, on peut juger de ſon goût en art par ſon ſtyle même, irréprochable, excellent, quoi qu’il ait voulu exprimer, mais pur de toute niaiſerie & de tout enjolivement paraſite. Quant aux tours de force de palette, aux folies de la couleur, on voit ce qu’il en penſait, dès ce temps-là, à la ſévérité de ſes jugements ſur de certains peintres