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Méthode de travail.

ment des chapitres de critique tranſcendante & de théorie où Baudelaire a manifeſté le don qu’il poſſédait à un ſi haut degré, d’être précis & clair dans un ſujet abſtrait (De la Couleur. — Qu’eſt-ce que le Romantiſme ? — Eugène Delacroix), ce court volume foiſonne en jolis paſſages, tantôt plaiſants, tantôt graves ; ici l’enthouſiaſme, ici l’ironie. Il a l’abondance de tout premier livre où un eſprit généreux & fécond dégorge ſes premières idées, ſes ſentiments, ſes croyances. C’eſt de la critique voltigeante & ondoyante, courant par bonds & par voltes, & que l’on ſuit ſans fatigue, un diſcours amuſant & varié comme une converſation. On retient à la première lecture un délicieux paragraphe ſur Les Sujets amoureux à propos de Taſſaert ; de plaiſantes diatribes contre Horace Vernet, l’homme né-coiffé ; contre Ary Scheffer, l’éclectique, le ſinge de ſentiment, & ſes adulatrices ; contre l’école Couture, contre l’école du payſage hiſtorique ; des jugements rapides & lumineux, des penſées conciſes, arrêtées comme des maximes : — « M. D… part de ce principe, qu’une palette eſt un tableau. » — « Un imitateur eſt un indiſcret qui vend une ſurpriſe. » Des réſumés clairs & frappants tel que celui-ci