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Les Fleurs du Mal.

l’eſprit qui nous anime eſt favorable aux eſſais, aux tentatives dans les ſens les plus divers. Ce qui nous paraît ici mériter l’intérêt, c’eſt l’expanſion vive & curieuſe, même dans ſa violence, de quelques défaillances, de quelques douleurs morales que, ſans les partager, ni les diſcuter, on doit tenir à connaître, comme un des ſignes de notre temps. Il nous ſemble d’ailleurs qu’il eſt des cas où la publicité n’eſt pas ſeulement un encouragement ; où elle peut avoir l’influence d’un conſeil utile, & appeler le vrai talent à ſe dégager, à ſe fortifier, en élargiſſant ſes voies, en étendant ſon horizon. »

Ainſi donc, en publiant les vers de Baudelaire, la Revue des Deux-Mondes ſe flattait de travailler à ſon amendement & peut-être à ſa pénitence. Elle eſpérait l’amener à correction, en lui faiſant peur de ſa propre image dans le miroir de ſes pages. Quand donc les directeurs de Revue guériront-ils de cette illuſion d’être des directeurs d’âmes & des profeſſeurs de littérature ? Et que penſer encore de cette prétention de montrer un encouragement dans la publicité d’une Revue ? Qui donc, aujourd’hui qu’il n’eſt plus, peut paſſer pour avoir le plus honoré l’autre,