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Page:Asselineau - Charles Baudelaire - sa vie et son œuvre.djvu/68

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Les Fleurs du Mal.

Son coup d’eſſai, ſon proſpectus fut cette charmante édition des Odes funambuleſques, — je parle, bien entendu, de l’édition anonyme de 1857, — que les catalogues cotent actuellement au quadruple du prix d’origine, & où l’éditeur ſut mettre l’élégance typographique en parfait accord avec le talent du poëte.

En ce temps-là, on s’en ſouvient, après le hideux carnaval de la librairie à quatre ſous, à deux ſous, à un franc, un réveil de l’art typographique s’organiſait dans les provinces. Perrin à Lyon, Herriſſey à Évreux, d’autres encore à Lille & à Straſbourg, publiaient des livres confectionnés avec un goût un peu pédant peut-être, exceſſif comme toutes les réactions, mais que les amateurs adoptaient & s’habituaient à payer cher. Malaſſis ſe plaça à côté d’eux. Sans tomber dans les excès de l’archaïſme & de la typographie calligraphique, il fabriqua pour trois francs, pour quatre francs, pour deux francs, de jolis volumes, solidement imprimés ſur bon papier, avec titres en rouge & ornés de fleurons, d’initiales & de culs-de-lampe d’un bon choix. Plus tard, il y joignit des frontiſpices gravés par Braquemond, qui peut dater de ces premières relations avec Malaſſis