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Dernières années à Paris

auſſi variés que nombreux, fortifièrent le ſuccès du poëte & engraiſſèrent ſon laurier. Je ne ſaurais laiſſer paſſer ſans mention ſpéciale le Salon de 1859, qui fut peu remarqué à cauſe du peu de publicité du recueil, d’ailleurs très-eſtimable, où il parut. Ce travail, plus développé que les autres œuvres du même genre publiées par Baudelaire (il a ſoixante pages de Revue, d’un texte compacte), eſt écrit avec une maturité, une ſérénité parfaites. C’eſt comme le dernier mot, l’expreſſion ſuprême des idées d’un poëte & d’un littérateur ſur l’art contemporain ; c’eſt le bilan des enthouſiaſmes, des illuſions & auſſi des déceptions que nous ont cauſés, à tous, les artiſtes dont nous nous ſommes tour à tour épris & détachés. L’auteur a mêlé à ſes jugements des biographies, des anecdotes, des rêveries poétiques et philoſophiques, qui font l’office & l’effet des intermèdes de musique dans une comédie. Au ton dont il parle de ſes juſticiables, ſculpteurs, peintres, graveurs, deſſinateurs, on ſent qu’il les a aimés & qu’il s’eſt aſſocié à leur deſtinée et à leurs efforts. Je note une page ſaiſiſſante ſur l’infortuné Méryon, dont le talent myſtérieux & pathétique allait à l’âme de Baudelaire ; plus loin une recommandation