Page:Asselineau - L’Enfer du bibliophile, 1860.djvu/27

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

23
AGONIE.

dement entre mes draps et avec une telle perspective pour mon réveil, je pouvais en toute sûreté répéter les vers de Lucrèce.

Fût-ce un rêve ? je voudrais le croire ; mais comment le pourrais-je ? J’ai fait du rêve et de ses manifestations l’étude de toute ma vie, et je sais à n’en pouvoir douter que le rêve n’est ni allégorie, ni une fantasmagorie, mais un langage par correspondance signifiant les idées par leurs analogies naturelles et les faits matériels par leurs contraires. Si donc Dieu m’eût voulu punir de ma sensualité littéraire, de ma libricité, peut-être m’eût-il effrayé par l’image de l’enfer des voluptueux qui, suivant Swedenborg, sont plongés, les uns jusqu’à la ceinture, les autres jusqu’au menton, dans un lac fétide. Peut-être, s’il m’eût voulu convaincre de la vanité de mes plaisirs, m’eût-il représenté à moi-même comme on voit les Allemands, au fameux