Page:Asselineau - La Double Vie, 1858.djvu/233

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eusses pu l’apprendre sur-le-champ ? Combien de temps faudrait-il à un homme médiocre pour arriver à comprendre ce que Michel-Ange a réalisé en un moment ? On a dit que le génie, c’est la patience, sans prendre garde que c’était le faire descendre à la portée des entêtés et des imbéciles. Le génie, c’est la volonté concentrée. »

Je déroulai si longuement l’écheveau métaphysique, que Schmidt, tout Allemand qu’il était, finit par me supplier de changer de discours ou de m’en aller.

Je sortis.

Mais cet entretien avait changé le cours de mes pensées : il ne s’agissait plus ni du rêve, ni des pérégrinations de l’âme, ni de ressaisir un souvenir confus.

Égaler le pouvoir au vouloir, combiner dans un élan suprême l’effort de dix années, voilà quel était désormais le problème.

« Et de fait, pensais-je, n’est-il pas ridicule de croire que ces hommes, plus divins pour nous que les dieux mêmes, Raphaël, Colomb, Milton, Galilée aient pu trouver dans l’univers un coin où leur intelligence si pénétrante n’eût pu se répandre ! Quoi ! Raphaël tenant en main un archet et un violon n’eût pu s’en servir, quand, en moins de six mois d’études, le dernier polisson de Rome en pouvait tirer des accords satisfaisants ! »

Peut-être croirez-vous que dès lors je n’eus plus