Page:Asselineau - La Ligne brisée, 1872.djvu/56

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sure faite à sa dignité et à son orgueil. Mais quand bien même Sabine eût eu la force d’affronter le mépris de celui qu’elle avait trahi, Noël jaloux d’ensevelir son affront avait trop bien déguisé sa retraite pour qu’elle pût la découvrir.

Cette impossibilité même transfigura Noël dans l’esprit de Sabine. Il devint pour elle quelque chose comme l’image sainte d’un martyr, la figure de l’amour vierge et méconnu, le mythe du bonheur entrevu et insaisissable. À chaque observation nouvelle qui venait ajouter à son expérience du monde et de la vie, elle répétait intérieurement : « C’était celui-là ! » Il ne se passait guère de jour