Page:Asselineau - Le Livre des ballades.djvu/212

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Balade


Parfondement me doy plaindre & pleurer
Et regreter des neuf preux la vaillance.
Car je voy bien que je ne puis durer ;
Confort me fuit, honte vers moy s’avance ;
Convoitiſe met en arreſt ſa lance,
Qui me deſtruit mon plus noble païs.
Preux Charlemaine, ſe tu fuſtes en France
Encor y fuſt Roland, ce m’eſt advis.

Alixandre, qui ot à juſticier
Tout le monde par ſa bonne ordonnance,
Quant il ſçavoit un poure chevalier.
Armes, chevaulx li donnoit & finance ;
Pour ſa bonté li faiſoit révérence.
De ce faire ſont les plus haulx remis.
Preux Charlemaine, ſe te fuſſes en France
Encor y fuſt Roland, ce m’eſt advis.

Car chaſcun jour me fault amenuiſer
Par le défault de vraye congnoiſſance,
Et par déduit qui fient en ſon dangier
Cil qui doit en moy mettre deffenſe.
Par le jeune conſeil qu’il a d’enfance,
Dont Roboam fut convaincu jadis.
Preux Charlemaine, ſe tu fuſtes en France
Encor y fuſt Roland, ce m’eſtl advis.