Page:Asselineau - Le Livre des ballades.djvu/89

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L’épitaphe en forme de ballade que fit Villon

pour luy et pour ses compaignons

s’attendant à estre pendu avec eux

Frères humains, qui apres nous vivez,
N’ayez les cueurs contre nous endurcis ;
Car ſi pitié de nous pouvres avez,
Dieu en aura pluſtoſt de vous merciz.
Vous nous voyez cy attachez, cinq, six ;
Quant de la chair, que trop avons nourrie,
Elle eſt pieça dévorée & pourrie ;
Et nous les os, devenons cendre & pouldre :
De noſtre mal perſonne ne s’en rie,
Mais priez Dieu que tous nous vueille abſouldre.

Se vous clamons, frères, pas nen devez
Avoir deſdaing, quoyque fuſmes occis