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des sonnets


Sur la mort d’une Parente




Parmi les doux tranſports d’une amitié fidele,
Je voïois près d’Iris couler mes heureux jours ;
Iris que j’aime encore, & que j’aimai toujours,
Brûloit des meſmes feux dont je brûlois pour elle,

Quand par l’ordre du Ciel une fievre cruelle
M’enleva cet objet de mes tendres amours,
Et de tous mes plaiſirs interrompant le cours,
Me laiſſa de regrets une ſuite éternelle.

Ah, qu’un ſi rude coup étonna mes eſprits !
Que je verſai de pleurs ! Que je pouſſai de cris !
De combien de douleurs ma douleur fut ſuivie !

Iris, tu fus alors moins à plaindre que moi ;
Et bien qu’un triſte ſort t’ait fait perdre la vie,
Helas ! en te perdant, j’ay perdu plus que toi.


Nicolas Boileau Deſpréaux.