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des sonnets


Recueillement




Sois ſage, ô ma Douleur, & tiens-toi plus tranquille.
Tu réclamais le Soir ; il deſcend ; le voici ;
Une atmoſphère obſcure enveloppe la ville,
Aux uns portant la paix, aux autres le ſouci.

Pendant que des mortels la multitude vile,
Sous le fouet du Plaiſir, ce bourreau ſans merci,
Va cueillir des remords dans la fête ſervile,
Ma Douleur, donne-moi la main ; viens par ici,

Loin d’eux. Vois ſe pencher les défuntes Années
Sur les balcons du ciel, en robes ſurannées ;
Surgir du fond des eaux le Regret ſouriant ;

Le Soleil moribond s’endormir ſous une arche ;
Et, comme un long linceul traînant à l’Orient,
Entends, ma chère, entends la douce Nuit qui marche.


Charles Baudelaire.