Page:Asselineau - Le Livre des sonnets.djvu/163

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
114
le livre


Sonnet païen




N’eſpère pas que tu l’apaifes,
Le déſir qui brûle mes reins :
Je fuis les bras dont tu m’étreins
Et la bouche dont tu me baiſes.

Les ſerpents jetés aux fournaiſes
Des lourds trépieds pythoniens,
En des tourments pareils aux miens
Se tordaient, vivants, ſur les braiſes.

Je ſuis comme un cerf aux abois
Qui, par la plaine & par les bois,
Emporte en bramant, ſes bleſſures.

Tourne vers moi tes yeux ardents :
Ouvre ta lèvre ! à moi tes dents !
Plus de baiſers, mais des morſures !


Armand Silveſtre.