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des sonnets


Réconciliation




J’ai voulu de l’Amour ſéparer le Déſir,
Quand ce maître fatal, d’un regard ou d’un ſigne
Liant ma chair fragile à quelque chair indigne,
M’impoſait en dégoût la rançon du plaiſir.

Depuis ce temps, — ô joie ! orgueil ! — J’ai pu choiſir
La beauté dont l’amour a des pudeurs de cygne,
Et j’ai compris, alors, quelle faveur inſigne
Fit, quand s’aiment les cœurs, les bras pour ſe ſaiſir.

Ô mon Amour unique ! à préſent que je t’aime,
Je vois dans le Déſir la Chaſteté ſuprême,
L’ineffable lien de la terre à l’azur ;

Et ſur ton ſein pâmé lorſque mon ſein ſe pâme,
Je me ſens noble & fier, je me ſens jeune & pur,
Comme ſi j’étreignais la forme de ſon âme !


Auguſte Dorchain.