Page:Asselineau - Le Livre des sonnets.djvu/222

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Aut ne quis malus invidere poſſit,
Cum tantum ſciat eſſe baſiorum.

(Catullus, V.)


Un ſonnet d’Olivier de Magny, intitulé : Des beautez de D. L. L. & imprimé tout d’abord dans l’édition originale de Louiſe Labé, parmi les Eſcriz de diuers Poëtes à la louenge de Louize Labé Lionnoiſe, nous retrace un portrait, bien peu précis malheureuſement, de la belle Cordière. Voici ce ſonnet :


Où print l’enfant Amour le fin or qui dora
En mile creſpillons ta teſte blondiſſante ?
En quel tardin print il la roze rougiſſante
Qui le liz argenté de ton teint colora ?

La douce grauité qui ton front honora,
Les deus rubis balais de ta bouche allechante,
Et les rais de cet œil qui doucement m’enchante,
En quel lieu les print il quand il t’en décora ?

D’où printl Amour encor ces filets & ces leſſes,
Ces hains & ces apaſts que ſans fin tu me dreſſes
Soit parlant ou riant ou guignant de tes yeus ?

Il print d’Herme, de Cypre, & du ſein de l’Aurore,
Des rayons du Soleil, & des Graces encore,
Ces atraits & ces dons, pour prendre hommes & Dieus.


Ces filets, ces leſſes & ces bains allégoriques révéleraient un ſentiment véritable, s’il eſt vrai, comme on tend à le croire, qu’Olivier de Magny ait aimé Louiſe Labé. (Voir la favante